Il a bien fallu commencer quelque part... Telles sont nos paroles quand nous revisionnons avec amour nos premiers émois cinématographiques... De projet en projet, du nullité en nullité un peu moins nulle, nous avons fait notre petit bonhomme de chemin jusqu'ici. Le texte qui suit présente l'évolution cinématographique de l'équipe de tournage, depuis les premiers balbutiements jusqu'au film en cours.

            1) Les débuts, ou l'ère pré-El Guittarus

    Au commencement du monde, au collège, il y avait l'Atelier de Cinéma en 3D, un petit bijou conçu par Microsoft… Des décors en 3D, une galerie de personnages en 3D avec des possibilités d'animation étendues, la possibilité d'ajouter ses propres voix… bref, une source d'amusement gigantesque pour nous, collégiens, parodiant nos profs et les gens que nous n'aimions pas… Un outil absolument formidable, probablement le jeu qui a le plus servi dans les premières années collège. La seule limite était celle de notre imagination. Avec le temps, bien sûr, les limitations se firent sentir. L'animation en 7 images/seconde, l'impossibilité de créer ses propres personnages, les décors très redondants... Bref, les jours de l'Atelier de Cinéma en 3D étaient comptés, et il finit par tomber en désuétude, n'étant plus que rarement utilisé… Néanmoins, les films (dans un format propriétaire, même si on recherche actuellement un moyen de les transformer en DivX) ont tous été gardés en souvenir. Quelques images...

       

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    C'est un beau jour, alors qu'ils sont en seconde, que l'équipe découvre avec émerveillement le caméscope numérique du papa. S'ensuit alors une suite inoubliable de petits bouts de tournage et de tests, de délires en tout genre. Les premiers tests sont simples, il s'agit d'imitations de journaux télévisés, de faux reportages, de balades caméra à la main dans les rues de la ville natale sur fond de commentaires humoristiques. Tout ceci préfigurera le tout premier projet cinématographique de l'équipe : Une Menace Inconnue, sorti en juillet 2001.
    Des dialogues à couper le souffle, une histoire fabuleusement travaillée, un suspense haletant, un tournage s'étalant sur quatre jours, des moyens absolument hors du commun peuvent caractériser ce film où trois jeunes, alors qu'ils reçoivent des codes secrets étranges par mail, se retrouvent coincés dans une cave au milieu de la forêt. Le souvenir de ce film n'est plus évoqué qu'avec honte et comme sujet des blagues qu'on raconte généralement quand on a épuisé les autres. Un exemple à ne pas suivre.
Sur un plan plus technique, ce film était caractérisé par son générique époustouflant (filmage de l'écran de l'ordinateur), son montage à la précision d'horloge suisse (à base de stop/lecture sur le magnétoscope familial) et surtout, surtout, plusieurs scènes mémorables dont un grattage de cul sur vélo. Le point culminant du film (et le sujet des meilleures blagues) reste néanmoins sa fabuleuse scène de découverte des lasers qui emprisonnent les héros dans la cave en question, au dialogue qui suit :
    — Eh, regardez ! des lasers !
    — ohhhhhhhh mais on est grave dans la merde !
    — mais, mais c'est quoi ces points rouges ??
    — mais c'est des lasers ?
    — mais… ouiii t'as raison !!
    En bref, un film absolument indescriptible qui ne peut s'expliquer qu'en se regardant.

    Ce projet, n'existe plus que sur VHS, ayant été effacé des cassettes mini-DV. Bientôt, une numérisation sera entreprise, permettant de screeshoter un peu tout ça...

    Heureusement, les projets ne s'arrêtent pas là. La même année, deux mois plus tard, l'équipe, enrichie de deux personnes, crée sa propre publicité Wazaaa, alors phénomène de l'époque. Réussite ou échec ? Difficile à dire. La publicité originale a été scrupuleusement respectée, mais malgré tout le montage magnétoscope VHS se fait encore cruellement sentir…

    Même année, 2001, vacances de la Toussaint. Un projet se prépare. Entre temps se sont déroulés les attentats du 11 septembre et le ciel de New York a été éclairci par Ben Laden, ce qui donne l'occasion d'une parodie le mettant en scène. Une cave (celle de Romain), remplie d'un immense bordel technologique aussi divers que varié (une brève visite sur la fiche de Romain vous l'expliquera), sert de décor à une caméra fixe qui filme Oussama Ben Laden et son assistant Mohammed Ben Salif préparer une bombe, à la manière de Maïté et sa brandade de morue. Au final : seize minutes d'improvisation absolue qui donne lieu à plusieurs fous rires, à un remettage barbare des barbes en coton, et à une explosion sympathique. Un agréable souvenir, qui fait toujours rigoler au revisionnage. Niveau technique, on atteint les limites de nos possibilités de l'époque. Si le générique, fait en Flash, est transféré sur VHS grâce à une sortie TV, la vidéo elle-même est toujours montée au magnétoscope. On se rend alors compte qu'il sera difficile d'aller plus loin sans un support technologique plus abouti.

           

    La caméra est mise au placard quelques longs mois. Elle sera ressortie, brièvement, pour une demi-suite de Ben Laden, réalisée dans la nature et sans les costumes, pendant les vacances de pâques 2002. On utilise alors de la glace carbonique mélangée à de l'eau chaude pour faire exploser une bouteille de coca. Très fun, mais jamais considéré comme la suite réelle de Ben Laden, car trop différent. Pourtant, à re-revisionner, c'est toujours aussi marrant...

           

           

   


            2) La Quête d'El Guittarus, ou le premier vrai projet d'envergure

    Seulement, depuis quelques mois, un projet a émergé dans les têtes. Désirant plus que tout surfer sur la vague des Knight Quest, Duality, Broken Allegiance, Seeds of Darkness et autres, on veut aller plus loin : on veut faire un fanfilm Star Wars. Oh, certes, pas du niveau de ce qui a été décrit plus haut (il est évident que nous n'avons pas les mêmes capacités techniques), mais tout le monde a envie de faire quelque chose qui en jette. Qui en jette vraiment. Quelque chose dont on puisse être fier. Tout d'abord, on commence par fabriquer un sabre laser. Un bout de tuyau, un raccord de plomberie, un poste à souder, de l'imagination et l'ingéniosité légendaire de Romain y parviennent. Vous pouvez le voir ci-dessous à l'état d'ébauche.

Ce sabre a été nomme T'xi, en référence à ce qui était inscrit dessus, de manière très involontaire.

    Pour la lame, on teste d'abord les manches à balai (qui résistent une bonne quarantaine de secondes avant de casser) avant de couper nous-mêmes du noisetier, pour fabriquer nos propres lames.
    Arrive alors un cadeau providentiel, sous la forme d'une carte Firewire et d'un disque dur plus gros. C'est l'apothéose. Dès lors, le montage informatique (merci Adobe Premiere) est possible, la retouche audio également, l'ajout de musiques, d'effets spéciaux en tout genre se fait sans autres contraintes que celle de nos compétences qui, avouons le, à ces débuts, sont bien limitées. On commence par tester le montage, en remasterisant nos vieilles productions. Succès technologique. La retouche sonore est intuitive, restent les effets spéciaux.
    Les tutoriaux disponibles sur Internet, notamment sur theforce.net et starwars-universe.com et les meshes souvent déjà disponibles sur SciFi3D sont rapidement mis en application dans des tests d'effets spéciaux. Plusieurs scènes sont tournées alors spécialement à cette intention, dans un jardin et dans une vieille maison en construction.

   

    On teste les effets de sabre laser et l'antique technique du filmstrip (ci-dessus), on teste l'ouverture Star Wars grâce à 3DSMax (ci-dessous), on teste la foudre sith grâce à After Effects. Tout est concluant ou presque. On commence même à filmer au début des vacances. L'histoire ? Elle est basique... les Jedi découvrent l'existence d'une académie de l'Ombre (le lycée), gérée par Dark Biosca (le prof de maths qu'on n'aime pas). Cela donne naissance à une scène de combat mémorable devant le lycée, sous les yeux ébahis de la principale et de la principale adjoint, et de le quarantaine de caravanes de gens du voyage installée juste à côté.

    Rendez-vous est alors pris à la fin des vacances. Nous n'avons pas la moindre idée de ce que nous allons faire, nous comptons principalement sur notre imagination, et l'enthousiasme est alors palpable.

    Le tournage est expédié en quatre jours. Il y aura ensuite deux jours additionnels de prises de vue, notamment à cause des changements intervenus dans la trame du film au cours même du tournage. Alors que le film devait être constitué de trois combats au sabre dans une forêt, ponctués de quelques parodies du Maillon Faible et surtout de Qui veut gagner de Millions, se rajoute un élément imprévu. Une guitare, vieille, moche, moisie, destinée à la poubelle, vient se greffer au film. La guitare devient un artefact très puissant caché par les Jedi, et finit explosée contre un arbre. Des dialogues inventés au fur et à mesure, des gags débiles… La recette fonctionne, l'ensemble est à peu près cohérent. Après trois mois de post-production, La Quête d'El Guittarus voit le jour.

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    Consécration. El Guittarus est montré à toute la famille, à tous les amis, à la classe, aux profs, qui (soulagement), rigolent bien et s'étonnent devant les effets spéciaux (personne ne s'attend à voir de « vrais » sabres, qui sont finalement rendus sous After Effects). Pourtant, le film n'ira pas sur Internet, ne sera pas envoyé à SWU. Il n'est qu'un délire entre potes, et pas grand chose de plus. La caméra qui bouge, les private jokes, le format 4/3… El Guittarus n'est pas réellement fait pour affronter la jungle du net.
    Pendant quelques mois, on surfe sur la vague du phénomène El Guittarus. On en est fier (donc mission accomplie). On en parle, on en rigole, on est content de nous. Puis, au fur et à mesure, les défauts du film, au départ si minimes, deviennent visibles comme le nez au milieu de la figure. Défauts techniques (au niveau des effets spéciaux, surtout), costumes inexistants, mise en scène (trop de zoom, un perso qui dépasse de l'image, une image pas toujours très belle et qui bouge, et surtout, les fringues qui changent parfois au milieu des scènes), bref, on grince des dents devant certaines scènes, devant de plus en plus de scènes.
Le temps est venu de passer à autre chose.


            3) La genèse de La Légende d'El Guittarus

    On commence, en février, par un autre test technique. On veut tester quatre choses : le tournage en 16/9, les explosions, la fumée, et une nouvelle technique de foudre Sith. Le 16/9 est concluant, la foudre aussi. Pour les effets pyrotechniques c'est un fiasco total.
    Entre temps, avortement prématuré d'un projet de film plus orienté espionnage/gadgets/mission impossible qui aurait eu pour cadre le lycée.
    L'idée d'un autre film Star Wars commence à germer dans les têtes. Nous sommes alors déterminés à exploiter tout ce que nous avons sous la main de la meilleure manière possible pour faire quelque chose qui, à tout point de vue, n'aura rien à voir avec El Guittarus, techniquement comme scénaristiquement. Il faut varier les plaisirs, il faut se démarquer de ce qui a été déjà fait. Trouver un équilibre entre la parodie, le délire et le film plus ou moins sérieux, à la manière d'Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre. Le but : mélanger trois des plus grandes trilogies du cinéma : Star Wars, Back to The Future et Indiana Jones.
    Déjà, il nous semble nécessaire de, dès le début, savoir où nous allons, ce que nous allons tourner, et quels seront les dialogues. Une première version du script est rédigée par votre serviteur, elle fait environ trois pages. Elle raconte l'histoire d'Indiana Jones qui, pour échapper à des méchants qui veulent lui piquer sa dernière découverte, l'amulette de Gwadzar, tombe par hasard sur le docteur Emmett Brown, le « doc » de Retour vers le futur. La machine à remonter le temps (une 309 modifiée pour ressembler vaguement à une De Lorean) déconne, et ils se retrouvent propulsés dans l'univers Star Wars. Trop court, pense Romain, surtout la fin qui est expédiée par un dialogue qui sonne terriblement comme « Regardez, là-bas, y'a un beau décor pour se battre, on y va, et c'est le gros combat de la fin ».
    Le script est entièrement remanié : plus long, plus détaillé, plus abouti. Si le début reste sensiblement le même, toute la partie dans le monde Star Wars est développée. Apparaissent donc une apprentie Jedi, un droïde, Théo, et une histoire un poil plus complexe (mais un poil seulement). C'est en gros ce script-là qui doit être tourné au début des grandes vacances de 2003, après le bac.
    Premier jour du tournage, le caméscope numérique nous lâche. Horreur, déception, désolation. Malgré toutes nos tentatives pour en trouver un autre en état de marche, le film est condamné à rester dans les cartons, tout du moins pour quelques temps.
    Envoyé au SAV, le caméscope revient, 240€ et deux mois plus tard. Il est alors impossible de réunir toute l'équipe. Il va falloir trouver une autre date.
    Entre temps, le script est encore une fois remanié : il faut changer le bidule d'Indiana Jones, qui ne plait plus. Exit l'amulette de Gwadzar, bonjour Anneau Unique (pour tous les gouverner). Qui modifie sensiblement l'histoire. On n'introduit pas l'anneau unique sans l'utiliser ! Malheureusement, cette version est loin de faire l'unanimité, même le rédacteur la trouve assez moyenne. On décide alors de retourner aux classiques. Nous avions un superbe artefact dans La Quête d'El Guittarus, autant s'en servir.

Nous avons ensuite fabriqué Theo, conçu la DeLorean et acquis des lames en lexan pour faire les sabres. Souci : après une bonne moitié de scènes tournées : Indy a du nous quitter, renvoyant le projet à zéro ou presque en terme de tournage. A partir de là, un nouveau projet a vu le jour, avec une histoire revue et corrigée, et c'est ce projet qui est actuellement en cours de réalisation.